Parcelles
(années 2004-2006) Les photographies de la série « Parcelles » que Patrick Fournial présente ici s’inscrivent dans la continuité d’un travail qu’il poursuit depuis plusieurs années sur l’univers des vacances.
Eté après été, semblable au chasseur de papillon, le nez au vent, il furette au grand air, non dans les prés fleuris de nos campagnes, mais dans ces réserves à touristes que sont Paris, nos côtes et nos montagnes. Il aime à se fondre dans la masse des touristes et à devenir l’un d’entre eux, à partager cet état d’esprit particulier dans lequel on plonge lorsque l’on est en vacances. Dans ses photos pas de dénonciation, pas de regard critique. Il s’offre juste cette liberté et cette candeur de l’enfant qui va à la pêche aux images dans une totale insouciance.
Son univers devait un jour rencontré celui du numérique. Outil technique, mais aussi et surtout formidable outil de création, le numérique permet à sa photo de dépasser le stade de la simple transcription du réel. Ce n’est pas dans l’imaginaire, l’irréel ou l’inquiétant que nous mène Patrick Fournial. Il semble vouloir rester aux frontières de ce réel et s’en amuser d’ailleurs. Il préfère jouer avec les habitudes acquises par notre œil. Et c’est justement ce qui trouble en découvrant son travail. Au milieu de ces décors flous devant, derrière et sur les côtés, les personnages et les objets semblent flotter, à peine retenus au sol par leurs ombres. Ici, nulle prouesse technique extraordinaire apparente ; l’enjeu est ailleurs, rendu presque transparent. Le photographe connaît l’univers du numérique, la formidable boîte à malice des logiciels multimédia. Il y choisit sa palette, s’accapare quelques outils qu’il met au service de son art. Une photo est parfois le fruit de quinze à vingt clichés dont cinq ou six seront retenus pour confectionner l’image finale. Le photographe campe sur l’unité de lieu et de point de vue pour raconter son histoire qui peut s’échelonner dans le temps. L’attachement à ce travail repose sur le précieux équilibre entre l’approche rigoureuse de l’espace présenté et la légèreté de la mise en scène qui s’y opère.
Patrick Fournial utilise le paysage maritime comme une scène de théâtre. Une fois le fond choisi, en metteur en scène avisé, il s’éloigne et laisse entrer les acteurs dans son décor. La tribu hétéroclite des vacanciers se livre alors pour nous à quelques-unes des figures obligées de cet art de vivre en vacances. On plonge dans un bain de tendresse et d’humour.
Jean-François Rospape – l’Imagerie