Durant 6 semaines, entre le 19 mars et le 02 mai 2021, nous avons été restreints dans nos déplacements pour des raisons sanitaires. J’ai sillonné la banlieue pour y photographier l’urbain avant tout, mais aussi les métamorphoses de la nature au moment où elle se réveille.
Durant ces 6 semaines, en France, le nombre de morts dus à la Covid 19 a dépassé la barre symbolique des 100.000. Les médecins urgentistes n’ont cessé de crier au secours voyant arriver l’explosion de leurs services de soins intensifs avec un personnel médical au bord du burn out. Dépasser les 6000 personnes en soins intensifs, revenait à dire, trier les malades, choisir ceux qu’on soignerait et ceux qu’on laisserait mourir.
Au lendemain de ce troisième confinement, le système de santé a tenu, le nombre de personnes en réanimation amorce une légère baisse et le retour des enfants à l’école a débuté.
Parallèlement, la vaccination a pris un bon rythme. Les doses de vaccin sont enfin là et s’il reste toujours des appréhensions dans de nombreux pays européens, à propos du vaccin Astrazeneca, presque 1/3 de la population majeure française a reçu au moins une dose.
Les gouvernants, comprenant l’état de fatigue mentale de la population, concoctent un déconfinement par étape qui laisse entrevoir une sorte d’été radieux, presque semblable à ceux des années d’avant la pandémie, un été où l’on nous promet de respirer, de sortir, d’aller aux spectacles, aux musées, aux restaurants, avec, c’est entendu, des barrières et des quotas… la population se projette avec soulagement dans cet avenir tout proche. Elle reprend moral.
A l’annonce des restrictions de déplacement, j’ai senti une sorte de soulagement : nous n’allions pas nous retrouver, comme l’an passé avec une autorisation à remplir à chaque sortie de chez soi, à surtout ne pas dépasser la distance du kilomètre.
Me retrouvant ainsi avec une laisse de 10 km autour d’un point zéro (mon logement) situé à quelques pas de la station de M° Louis Aragon à Villejuif, j’ai tracé un cercle sur une carte routière. J’ai découvert avec satisfaction l’étendue du disque que je venais de créer et qui allait être mon champ d’investigation photographique. Je pourrai me rendre jusqu’à Athis-Mons au sud, Issy-les -Moulineaux à l’ouest et Champigny à l’est. Je laisserai de côté Paris. Je resterai fidèle à la banlieue qui a sa logique, son esthétique, à mille lieues de “la plus magnifique ville Musée au monde” qu’est Paris (paroles d’une touriste russe entendues à la radio en ce début de printemps).
En ce 2 mai, mon travail prend fin. Demain, bien entendu, rien ne m’empêchera de poursuivre mes investigations en banlieue, mais le parfum ne sera pas tout à fait le même. La contrainte a ses propriétés intrinsèques. Elle assied un projet, le limite, le concentre… c’est sa raison d’être.











