(année 2015) En 1900, Nadar relate dans ses mémoires “Quand j’étais photographe” la prise de la première photographie aérienne. Dans sa montgolfière, l’homme s’affranchit du promontoire, sa vision devient celle d’un oiseau, tente de se rapprocher de celle de l’œil de Dieu qui voit tout.
Depuis, très souvent à des fins militaires, l’homme conçoit des machines de plus en plus performantes envoyées dans les airs : cerfs-volants, dirigeables, drones, satellites. Ces engins offrent, à distance, une vue englobant la totalité des champs de bataille.
Aujourd’hui, parmi les satellites que l’homme lance dans l’espace, certains lui envoient des représentations photographiques de la terre, qu’il compile dans un calculateur performant. La machine tente de créer une troisième dimension à partir de photos en deux dimensions. Pour des raisons techniques, l’attention est portée sur le traitement de la planète terre dans sa totalité, au détriment de la qualité de l’information. Ainsi, l’objet technologique satellite reconnaît beaucoup plus facilement l’objet technologique immeuble qu’un simple arbuste. La nature est infiniment plus complexe, ses formes infinies et sa matière délicate. Elle résiste au modeleur 3D.
Aujourd’hui, c’est un univers surréaliste qu’engendre l’ordinateur, un monde fantastique où règne l’anarchie, où les routes s’ouvrent, où les arbres se transforment en monstres ou en minéraux couverts de mousse, un monde féérique où certains arbres avalent des maisons.
En inventant des processeurs plus performants, il est à parier que la machine modélisera toujours plus précisément, faisant ainsi disparaître ces mondes fantasques.











