Le travail photographique que Patrick Fournial nous présente ici, « mes vacances à Paris », s’inscrit dans la continuité d’une série de travaux avec des Toy’s Camera (cameras jouets) destinées aux enfants, aventure commencée en 1998 lors d’un voyage au Brésil.
Pour réaliser cette série de photos, il a volontairement utilisé un appareil photographique rudimentaire fabriqué à Macao dans les années 70, le jojaflex. Un « presque » moyen-format, aux fausses allures de jouet, muni d’une lentille en matière plastique, à vitesse et focale uniques. Les incursions aléatoires de la lumière dans l’appareil produisent ces tâches rouges, ors et jaunes que l’on retrouve sur tous les clichés. Les échelles de valeur, également distordues, donnent parfois l’impression que les personnages sont comme posés sur une maquette. Plus que la reproduction parfaite, nette et sans appel du réel, captée par l’appareil du reporter, il s’intéresse à ce que peut évoquer ce type d’images dites « amateurs » car non parées de l’excellence technique.
Ces distorsions et ces aberrations optiques appliquées au réel accentuent la force de l’image qui se charge de poésie. La banalité d’une photographie de monument est ainsi transcendée par la féerie de ces éclairs accidentels, de ces balafres de couleurs. C’est dans cet état d’esprit que le photographe redécouvre sa ville, ce Paris si souvent mis en scène.
Le choix d’un tel appareil, même s’il implique, de fait, de nombreuses contraintes, rend au photographe cette liberté et cette candeur de l’enfant qui va à la pêche aux images dans une totale insouciance. Il l’autorise à se fondre dans la masse des touristes et à devenir, très vite, l’un d’entre eux, à partager, le temps d’une photo, cette euphorie et cette capacité d’émerveillement débridée, cet état d’esprit particulier dans lequel on plonge, on s’oublie lorsqu’on est en vacances. Comme un rêve de vacances parisiennes…
Imagerie de Lannion – juin 2005